Etude FBMA

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23 septembre 2019

Contexte

Le Marais Audomarois est un haut lieu de biodiversité. Il est situé sur le territoire de 15 communes du département du Pas-de-Calais et couvre une surface de 3 726 hectares. Le marais comprend plus de 700km de voies d’eau dont 170 km de canaux navigables. Ils sont appelés ici des « wateringues » (du néerlandais « wetering » signifiant « voies d’eau »). Cette vaste zone humide est désignée zone Ramsar depuis 2008 au titre de la convention de Ramsar. Elle est également déclarée par l’UNESCO Label Man and Biosphere «douzième Réserve de Biosphère française » depuis 2013. Il reste un des seuls marais de cette importance encore cultivé par le maraichage en France. Le marais couvre également des zones Natura 2000, des ZIEFFs de type 1 et 2, des Espaces Naturels Sensibles, la Réserve Naturelle Nationale des étangs du Romelaëre, des zones d’intervention du Conservatoire du Littoral et des monuments historiques.

Malgré ces couches de protections, à l’heure actuelle, les connaissances scientifiques et biologiques concernant le marais restent lacunaires sur le compartiment ichtyologique. Le but du projet F.B.M.A. entrepris par la FDAAPPMA62 est ainsi de combler ce manque de données. Il fournira un état de la connaissance de qualité sur ce compartiment biologique.

ETUDE

Pour remplir cette mission, 5 axes nommés « Focus » sont développés lors de deux années de suivi scientifique. Ces Focus sont centrés sur des espèces cibles ou des méthodes d’études novatrices :

Focus Brochet

Poisson prédateur emblématique de nos cours d’eaux, le Brochet (Esox Lucius, statut vulnérable), même si il est aussi très présent dans le marais, fait face à de nombreuses pressions qu’il convient d’étudier.

Pour ce faire ;

  • un inventaire cartographique des surfaces favorables à sa reproduction a été entrepris, permettant ainsi de cibler des zones d’intérêt pour l’espèce.
  • 205 pêches d’indice d’abondance brocheton ont été réalisées sur deux ans dans la zone, permettant de mettre en évidence une reproduction effective sur 8% des stations.
  • 18 sujets adultes ont été marqués à l’aide d’un émetteur radio et suivis par la méthode de « radio-tracking » sur une année complète. Le radiopistage a notamment permis de suivre certains sujets à plus de 5 km de leur domaine vital lors de leur migration de reproduction entre février et avril.
  • Une étude botanique a aussi été réalisée en partenariat avec le CBNBL afin de caractériser de façon précise les communautés végétales retrouvées sur chaque frayère effective.

Ces divers travaux vont permettre de cibler des zones de frayères à sauvegarder et de produire des préconisations sur l’espèce dont la situation est contrastée dans le marais, comme par exemple des changements d’habitude de gestion du faucardage des hélophytes, des travaux d’aménagements, des zones à sauvegarder et bien d’autres à venir…

Focus Anguille

Espèce amphihaline thalassotoque en danger critique d’extinction (CR), l’Anguille (Anguilla anguilla) fait face à de nombreuses pressions lors de sa migration.

Or le marais peut remplir toutes les conditions d’une zone de vie et de grossissement importante pour l’espèce. Pour étudier son arrivée dans celui-ci, un suivi à l’aide de « Flottang » a été réalisé sur deux années et 18 stations entre début avril et fin juillet en vue d’étudier la cinétique migratoire de l’espèce. La majeure partie des effectifs arrivent entre début juin et mi-juillet.

Focus ADNe

Le prélèvement d’ADN environnementale est une méthode novatrice de plus en plus utilisée. Cette approche prend tout son sens dans le milieu particulier et le dédale de voies d’eau qu’est le marais. Cette méthode innovante permet de détecter la présence de certains taxons aquatiques dans un prélèvement d’eau. Elle est par définition non intrusive, rapide et relativement exhaustive pour un linéaire échantillonné mais ne permet pas encore d’acquérir certaines informations comme la densité, la taille, le sexe ou la biomasse. 13 stations ont été prélevées sur l’ensemble du marais. Cette étude fut réalisée en partenariat avec le laboratoire SpyGen.

L’étude a pu par exemple mettre en évidence 29 taxons au total dans le marais dont 10 espèces patrimoniales et 6 espèces exotiques.

Focus RCS

Deux stations de réseau de surveillance ont été placées à l’ouest et à l’est du marais sur des milieux représentatifs et adaptés aux méthodes d’inventaires déployées. Ainsi un IBGA (indice biologique adapté en grand cours d’eau) et un IPR adapté (indice poisson rivière avec un « Electrofishing boat » de Smith Root) ont été réalisés deux ans de suite pour caractériser la qualité biologique du marais. Celle-ci oscille entre le très bon et bon état pour les invertébrés benthiques et entre médiocre et mauvais pour le compartiment piscicole.

 

Focus hydromorphologie

La cartographie et le suivi des zones humides sont des éléments indispensables pour l’évaluation de leurs fonctions et la préservation de leur biodiversité. Il s’agit donc de caractériser le potentiel du marais via la photogrammétrie haute précision, la thermographie infrarouge, la topographie et l’étude des réseaux hydrologiques. Ces données ont pu être acquises lors de survols en ULM en partenariat avec le bureau Ingeo.

Grâce à la transversalité de ces 5 axes et à la compilation et l’analyse des données obtenues, l’étude FBMA a permis de produire un état de la connaissance piscicole faisant office de base solide pour des études futures. La production de préconisations de gestion adaptées à ce milieu fragile si particulier qu’est le marais audomarois sera également utile au tissu de partenaires œuvrant dans le bassin du fleuve Aa.

Le rapport final est accessible en téléchargement libre ci-dessous.

Etude financée dans le cadre de l’appel à projet Initiatives en Faveur de la Biodiversité par :